Mai 2013, à Moragne (Charente-Maritime), 24 heures après sa disparition, une petite fille de 2 ans est retrouvée morte dans un champ à quelques kilomètres de son domicile. Signe particulier : elle fait partie des "Gens du voyage".
Depuis son décès, la famille ne croit pas à une mort accidentelle. Elle sollicite la justice afin que l’enquête soit ré-ouverte.
Malgré la douleur innommable des parents, aucun dispositif particulier n’est mis en œuvre. Cette frilosité interpelle sur le principe d’égalité !
Depuis leur arrivée au XVe siècle, les Tziganes, appelés depuis les années 70 "gens du voyage", ont toujours été accablés de tous les maux et font l’objet de mesures discriminatoires. Fondées sur "leur impossibilité à s’intégrer en raison de leur mode de vie marginal", des politiques spécifiques ont été mises en place.
En 1969, un statut administratif particulier est créé. Totalement inégalitaire et devenu obsolète face aux mutations sociales et économiques, il ne permet pas aux "Gens du voyage", majoritairement sédentarisés aujourd’hui, d’être dans le droit commun au même titre que n’importe quel citoyen français.
Ravivé par la médiatisation du "problème rom", cet anti-tziganisme perdure derrière une pseudo-tolérance affichée de notre société.
Des initiatives locales ou associatives, visant à valoriser leur patrimoine culturel et les protéger de nombreuses discriminations, sont mises en œuvre, mais stigmatisation, amalgame et suspicion ressurgissent dès qu’il s’agit d’insertion sociale : logement, embauche, scolarité, santé, justice.
Après avoir survécu aux traumatismes de l’Histoire, les voyageurs (selon l’expression qu’ils préfèrent utiliser pour se qualifier) continuent de "faire avec" cette société au regard antagonique, qui n’hésite pas à encenser "la différence qui fait rêver", mais dans laquelle l’intégration doit passer par une assimilation au mode de vie des populations majoritaires.
Pourquoi les clichés subsistent à l’égard de cette minorité ? Pourquoi les voyageurs sont-ils toujours considérés comme indésirables, alors qu’un halo de sympathie les entoure dès qu’il s’agit du bonheur de nos enfants fascinés par l’univers féérique de leurs manèges ?
Distribution
Auteure-réalisatrice : Cécile Tessier Gendreau
Durée : 52 minutes
Image : François Vivier, Anne-Sophie Serpossian
Son : Marion Hennefent, Dominique Geneau, Frédéric Challat
Montage : François Vivier
Musique : Groupe Kassia Datcha
Production : Anekdota Productions, France Télévisions
Tournage : France, région Poitou-Charentes (Charente-Maritime, Vienne, Charente)